1755-12-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Antoine Jean Gabriel Le Bault.

Monsieur,

Vos bontés augmentent le regret que j'aurai toujours de n'avoir pas pu assez profiter de votre séjour à Genève, et d'avoir été privé par ma mauvaise santé du plaisir de vous faire ma cour aussi bien qu'à madame Le Baul.
Je crois que les cent bouteilles de vin de Bourgogne que vous voulez bien m'envoyer, valent mieux que la casse et la manne du docteur Tronchin.

J'avais prié, en effet, le Tronchin qui n'est que conseiller d'état et point médecin, de m'accorder sa protection auprès de vous. Je vois, monsieur, qu'il a réussi: je vous en remercie de tout mon cœur. Je voudrais bien que votre bon vin me donnât assez de force pour venir en Bourgogne; je l'avais déjà promis à m. le premier président et à m. le président de Ruffey; vous y ajoutez un nouveau motif.

J'ai l'honneur d'être avec bien du respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Voltaire