1764-10-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à Sébastien Dupont.

Vous avez dû recevoir, mon cher ami, la Lettre de change, paiable à Lyon au 12e Octobre préfix.
Nous sommes aujourd'hui à ce 12. Mr Jeanmaire m'avait promis en partant de chez moi, le 22e septembre, que j'aurais de ses nouvelles les premiers jours d'octobre, qu'il serait alors à Colmar, et qu'il finirait tout avec vous. Je n'entends point parler de lui. Je suppose que les affaires de Mr Le Duc De Virtemberg l'ont arrêté. Vous êtes au fait de tout. Je ne crois pas qu'il y ait le moindre risque à courir. J'ai en main une procuration spéciale de M. le Duc De Virtemberg au sr Jean Maire, qui suffirait en cas de besoin pour constater tous mes droits. Mr Jeanmaire m'a paru le plus honnête homme du monde. Ma créance est établie sur des terres qui sont en France, et qu'on m'assure n'être hippotèquées à personne qu'à moi. Ainsi, j'ai tout lieu de croire qu'il ne s'agit que d'une simple formalité que mr Jeanmaire remplira dès qu'il aura conféré un moment avec vous. Je vous assure que je voudrais bien être à sa place, et avoir la consolation de vous revoir encor. Je vous embrasse tendrement, vous, et toute vôtre famille.

Je vous prie de présenter mes respects à Mr le 1er président.

V.

C'est par made Dufresney que je vous écris, et c'est par elle que je vous ai envoié la Lettre de Change.