1764-10-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Louis Jeanmaire.

Il y a longtemps Monsieur que Mr Camp a 79995lt en dépost pour vous et mr du Pont a pu vous remettre une lettre de change de la même somme de 79995lt payable au 12 octb préfix à votre ordre par m. Camp à Lyon.

Les 20005lt restant pour completter vos 200000lt ont été prêts dès le 1er octobre, ainsi que l'argent déposé chez mr Camp.

Ne recevant point de vos nouvelles j'ay adressé par la messagerie de Geneve à Strasbourg les 20005ll savoir 833 louis d'or, et le reste en écus. Ils devaient partir il y a huit jours, mais j'aprends qu'ils ne sont partis qu'aujourduy de Geneve. Le paquet est de toile cirée ficelé, avec deux cachets de mes armes et deux cartes, portant que le group contient 833 louis d'or et 2 écus de six francs pour être rendus à Strasbourg, à l'ordre de Mr Jeanmaire receveur de Mg. le duc de Virtemberg.

Ainsi j'avais rempli touttes mes promesses avant d'avoir de vos nouvelles.

Je reçois aujourdui votre lettre du 4 octobre par la quelle vous me mandez de vous faire tenir à Montbéliard la lettre de change sur Lyon. Vous voyez bien que cela est impossible, puisqu'elle vous attend à Colmar depuis si longtemps. Je pense monsieur que le plus court moyen et le plus convenable de touttes façons, est de vous transporter à Colmar et d'y faire venir le paquet d'or de Strasbourg. C'est bien dommage que nous soyons si éloignez l'un de l'autre. Si j'avais pu m'établir auprés de Montbéliard comme j'en avais grande envie, notre affaire aurait été consommée en un jour. Je me flatte que votre amitié me dédommagera de cet éloigenment.

Au reste monsieur si vous n'avez pu toucher la moitié des deux cent m.lt aussitôt que nous l'aurions désiré, monsieur le comte de Monmartin verra aisément que ce n'est ny votre faute ny la mienne, et il rendra toujours justice à votre diligence et à votre zèle.

Ne doutez pas de la sincère amitié avec la quelle je serai toute ma vie

Monsieur

votre très humb. obt str

Voltaire