au château de Fernex 25 sept^b [1764]

Voicy mon cher ami de quoy il s'agit.
J'ay donné déjà cent mille livres ces jours cy au s^r Jeanmaire sur son simple billet. Mg le duc de Virtemberg doit être content de ce procédé. Je vous envoie une lettre de change de 79995^lt que je vous prie de faire remettre au dit s^r Jeanmaire quand vous aurez la bonté de luy faire passer l'acte. Je luy envoye encor 20005^lt, ainsi il aura 200000 net.

Je joints icy un croquis d'acte qui n'est pas prolixe, mais qui dit tout, et que je soumets à vos lumières et à vos bontez. Vous serez peutêtre étonné de ma confiance dans les princes, mais il y a longtemps que je sçais qu'il vaut mieux placer sur eux que sur particuliers. M. le duc de Virtemberg a six cent mille livres de rente en France de biens libres.

M^r Jeanmaire est chargé de vous présenter vos honoraires. Voilà en peu de mots tout ce qui regarde cette affaire pécuniaire sur la quelle je vous demande le secret. J'ay été bien tenté de venir vous voir, mais il aurait falu aller chez le duc de Virtemberg et chez l'Electeur palatin. Je ferais volontiers quatre vingt lieues pour voir un ami, mais non pas pour voir des souverains. Vous vous apercevez par ma petite écriture que mes yeux sont en meilleur état. Mais garre les neiges. C'est alors que je suis aveugle.

Je vous embrasse très tendrement. Madame Denis en fait autant.

V.