31 Mars 1778
Messieurs,
J'écrivis le 18e de Mars au sieur Rozé de Colmar, et à Mr De Wreiden, trésorier de S: A: E: Mgr L'électeur Palatin, à Manheim.
Mr De Wreiden sur le champ m'a envoié des Lettres de change paiables à vue sur Paris. Je n'ai eu aucune nouvelle du sr Rozé, quoique Colmar soit beaucoup plus près que Manheim de Paris.
Le sr Rosé me paiait autrefois tous les trois mois selon vos ordres. Il ne me paie actuellement que tous les six mois; et il me doit un semestre entier depuis le premier janvier de cette année 1778. Je lui ai proposé d'envoier de l'argent par Bâle à mon correspondant de Genêve, et il ne m'a point fait de réponse. S'il lui est égal de m'envoier les quinze mille sept cent cinquante Livres qu'il me doit, en Lettres de change paiables à vue sur Paris, je les recevrai volontiers.
Je vous suplie de vouloir bien lui envoier cette Lettre, et je vous demande vôtre protection pour être paié, étant ruiné par deux maladies mortelles que je viens d'essuier, et qui m'ont mis au bord du tombeau.
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois
Messieurs
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
à Paris 31e Mars 1778 Quai des Théatins