29e juin 1764
C'est à vous, mon cher frère, que je dois adresser ma réponse à Mde De Beaumont.
Me voilà partagé entre elle et son mari. Voilà un couple charmant, l'un protège généreusement l'innocence, l'autre la vertu aimable. Voilà des amis dignes de vous.
Quel Mr Fargez, s'il vous plait, a opiné si noblement? Car il y en a deux. J'en connais un qui est haut comme un chou, et dont les jambes ressemblent assez à celles de l'abbé Chauvelin; il lui ressemble sans doute aussi par le cœur et par la tête, puisqu'il a parlé avec tant de grandeur et de force.
J'ai déjà écrit à Mr Le Duc de La Valliere, pour le prier, en qualité de grand veneur, de faire tirer sur le procureur général de la commission, s'il ne prend pas l'affaire des Calas aussi vivement que nous mêmes.
Serez vous étonné si je vous dis que j'ai reçu une Lettre anonime de Toulouse, dans laquelle on ose me faire entendre que tous les Calas étaient coupables? et que les juges ne le sont que d'avoir épargné la famille? Je présume que si j'étais à Toulouse on me ferait un assez mauvais parti. Je pense qu'il faudra que Mr Hullin se contente de ce qui est chez Mr De Laleu; j'écrirai en conséquence; il me semble que celà ne doit pas faire de difficulté; mais en attendant, je pense qu'il est bon de ne se pas dégarnir tout à fait. Mr l'abbé Arnaud vôtre ami, est celui à qui il faut donner la préférence. Le reste viendra ensuite.
Ce pauvre Pankoucke est tout éffaré de ce qu'une partie de sa lettre a couru; il dit qu'il la désavouera. Ce serait s'achever de peindre. J'ai la lettre signée de sa main, et je la ferais controller comme un billet au porteur.
Que dites vous de ce monstre fou de Jean Jaques qui prétend que je suis son persécuteur! Ce misérable, parce qu'il m'a offensé, ainsi que tous ses amis, s'imagine que je me suis vengé; il me connait bien mal. Aimons la vertu, mon cher frère, et rions des fous.
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