1764-06-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

J'ai de plus à vous dire, mon cher frère, que j'ai renvoié à Mr D'Argental l'ange, la Lettre de Mr Hullin, avec un mot de ma main à mr Hullin.
Je lui ai dit que le paquet qui est chez mr De La Leu peut être retiré à ses ordres. Je ne sçais ce que c'est que cet écu que les Libraires de Paris éxigent pour chaque éxemplaire; et je lui certifie que ce n'est pas mon ordre. Je lui dis que je ne me suis mêlé que de commenter, de souscrire et de paier.

Vous m'avez fait observer que si le R. de Pologne prend tous ses éxemplaires, il n'en restera plus pour faire des présents. Ma foi je crois que le Roi de Pologne doit faire comme le Roi de France, et comme moi, ne prendre que le moitié des exemplaires pour lesquels il a souscrit; encor n'en ai-je que le tiers, et j'ai paié le total. Je ne pouvais d'ailleurs prendre que ce tiers parce qu'il n'en restait plus. On n'en avait pas assez tiré. Il y a des souscripteurs qui n'ont point eu de livres, et ce sont ceux qui n'avaient point paié le premier engagement. Mr Corneille pourait à l'aide de Mr Cramer, faire tenir des exemplaires à ceux qui ont souscrit, qui n'ont point paié, et qui paieraient. Mr Cramer doit proposer cet arrangement. Tout cecy, mon cher frère, est peu philosophique. J'aime mieux éxaminer la façon dont certaines choses qui vous déplaisent se sont établies dans le monde. J'ai appris que St Paul s'était brouillé avec Gamaliel, parce que ce Gamaliel lui avait refusé sa fille. Sur ce, je vous embrasse le plus tendrement du monde.

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