11e fév: 1764 à Ferney
Celà est d'autant plus nécessaire, que selon ce que j'entends dire, il n'y a personne qui vous ressemble aujourd'hui. Où est l'éclat, la gaité, le brillant qui vous accompagnaient de mon temps? Vôtre nom allait noblement et gaiment d'un bout de l'Europe à l'autre. Bien peu de gens soutiennent comme vous l'honneur de la nation, et mon héros laissera peu d'imitateurs. Monseigneur le Maréchal m'a bien fait l'honneur de me mander qu'il mariait Monsieur le Duc de Fronsac, mais le nom de la future est resté au bout de la plume, ainsi je ne lui fais qu'un demi compliment; mais puisse vôtre maison s'éterniser comme vous avez immortalisé vôtre nom! Je commence à espérer que je ne perdrai pas les yeux, quoi qu'ils soient dans un très piteux état; et si jamais vous retournez à Banières, je me ferai donner un ordre signé Tronchin, pour vous y aller faire ma cour.
Je ne sçais pas si vos noces sont déjà faittes, mais je suis bien sûr que vous étes le plus agréable et le plus gai de toute la compagnie. Jouïssez longtemps de toutes les belles grâces que la nature vous a faittes. Je ne dois pas vous importuner en vous félicitant, et les occupations de la noces, des présentations, des visites, m'avertissent de vous renouveller mon tendre et profond respect sans bavarderie.