1770-10-17, de Voltaire [François Marie Arouet] à Paul Claude Moultou.

J’ai obéi à vos ordres, j’ai fait des remarques à mesure, croiant qu’il s’agissait d’un procez.
Mais, mon cher philosophe, après avoir tout lu j’ai vu que c’était une dissertation pour prouver que nos loix ont tort. Rien n’est plus manifeste; mais il est manifeste aussi que ces loix éxistent. Je souhaitte que le parlement d’Aix les casse. Je n’y manquerais pas si j’avais la voix prépondérante; mais je doute fort qu’il prenne cette petite liberté.

Je ne doute pas moins de la visite du secrétaire à Mylord Elphinston.

Je doute aussi beaucoup de la guerre dont on parle tant à Londre; mais je ne doute pas que la pièce d’éloquence dont vous me parlez ne soit siflée.

Je suis très fâché que vous ne soiez point venu diner avec nous quand Mr D’Alembert était à Ferney.

Quant à l’auteur de la dissertation sur les mariages, vous pouvez l’assurer qu’on se mariera à Versoy et à Ferney tant qu’on voudra, et qu’il poura venir danser à la noce. Si le parlement de Provence veut en attendant déroger aux édits et valider vos mariages, je lui en ferai mon compliment.