9e 8bre 1769
Mon cher philosophe, si Dieu a dit Croissez et multipliez, voicy deux personnes qui veulent obéir à Dieu.
L'une est catholique romain l'autre est de vôtre religion, et est née à Berne. Nos belles loix de 1685 ne permettent pas à un serviteur du pape d'épouser une servante de Zuingle; mais je crois que vous regardez Dieu comme le père de tous les garçons et de toutes les filles. Vous savez que la femme fidèle peut convertir le mari infidèle.
Tâchez, mon cher philosophe, de faire ensorte que ces deux personnes puissent se marier à Genêve. Je vous demande vôtre protection pour elles, mais ne me nommez pas, car le mariage est un sacrement dans nôtre église, et l'on m'accuse quoi qu'assez mal à propos de ne pas croire aux sept sacrements.
Permettez moi de vous embrasser de tout mon cœur sans cérémonie.
V.