1763-11-07, de Voltaire [François Marie Arouet] à Cosimo Alessandro Collini.

Mon cher ami, je suis actuellement très affligé des yeux.
On n'a pas soixante et dix ans impunément dans un païs de montagnes. L'honneur dont vous me dites que S: A: E: pourait me gratifier, serait une grande consolation pour moi dans ma chétive vieillesse; je serais plus flatté du titre de vôtre confrère que d'aucun autre. Je vous suplie de présenter mon profond respect et ma reconnaissance à Monseigneur L'Electeur. Je lui ai écrit pour lui dire combien j'admire son établissement mais je n'ai pas osé lui demander d'en être.

L'Edition de Pierre Corneille, dont j'ai été obligé de corriger toutes les épreuves pendant deux années, m'a retenu indispensablement à Ferney et aux Délices. Ce travail assidu, qui n'a pas été le seul, n'a pas peu contribué à la fluxion horrible que j'ai sur les yeux. Mon cher ami, quoi qu'en dise Ciceron de Senectute, la fin de la vie est toujours un peu triste. Je vous embrasse de tout mon cœur.

V.