1763-06-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Mes bons anges je n'ay rien à vous dire sinon que je suis fidèle à votre culte et que je fais mes foins aulieu de faire un cinquième acte d'Olimpie, que je n'ay reçu aucune gazette littéraire, que je n'ay encor aucune correspondance établie, et que je suis un serviteur inutile.

Mes anges permettez vous que je vous adresse ce gros paquet pour frère Damilaville? Il m'a mandé que je pouvais luy écrire sous l'enveloppe de mr de Courteilles; la meilleure façon est de mettre le paquet dans celuy qui est intitulé mémoire, et qui est pour vous.

Je suis fâché qu'on ait fait de Socrate une mauvaise pièce; mais si elle eût été bonne, on n'aurait jamais pu la jouer. On me parle de Mango Capac. Cela poura réussir en Perigord où les noms se terminent en ac. Mais je crois que ce législateur du Perou ne vaudra pas un pérou aux comédiens. Est il vray qu'on veut bâtir une sale de comédie à l'hôtel de Conty? Vous voyez que je m'intéresse toujours au tripot malgré ma stérilité sur le 5ème acte d'Olimpie. Je suis un mauvais serviteur mais je ne manque pas de zèle. Si vous voulez me voir jouer Trissotin, vous n'avez qu'à partir.

Tendresse et respect.

V.