1764-01-04, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jeanne Grâce Bosc Du Bouchet, comtesse d'Argental.

Je n'envoie point de nouveaux contes à mes anges, sans savoir auparavant si les trois manières ont trouvé grâce devant leurs yeux.
Je suis bien fâché qu'on ait imprimé ce qui plait aux Dames, et l'éducation des filles. C'est fâner de petites fleurs qui ne sont agréables que quand on ne les vend pas au marché.

Je ne leur dis rien des roués, je ne leur dis rien d'Olimpie la religieuse, parce que c'est à eux à tout dire, à tout faire, à me conduire, à me donner leurs ordres.

Je ne dis rien de la gazette Littéraire, par la même raison.

Oserai-je prendre la liberté de leur adresser, et de mettre sous leur protection, ce petit paquet pour le bon homme Corneille? Je me flatte qu'avant qu'il soit un mois l'Edition Cornelienne paraîtra dans Paris, il y aura des clabauderies, mais je suis endurci à la fatigue.

J'ai préparé un grand mémoire sur Olimpie, mes anges l'auront quand j'aurai reçu leurs commandements, que j'attends avec respects et tendresse.