Quoi que vous ne m'ayez point répondu mon illustre ami, et que vous ne m'ayez point accusé la réception de la lettre de Me la duchesse de Virtemberg, je me flatte pourtant que vous n'êtes pas malade, puisque les gazettes n'en disent rien.
Comme je me flate aussi malgré votre long silence, que vous vous intéressez toujours à moi, je crois devoir vous dire que le Roy de Prusse, peu de jours après son arrivée à Berlin, a bien voulu s'informer de moi dans un détail qui m'étonne, et m'a fait assurer avec une bonté que je ne dois qu'à la mémoire de sa chère soeur, et sans en avoir été sollicité par personne, qu'il ne ne m'abandonneroit jamais. J'attendois votre réponse mon illustre ami, pour vous faire part de cette marque d'humanité du Roy de Prusse et du tendre souvenir qu'il conserve pour sa chère [sœur]. Mr le général de Treskau, envoyé de cette cour à celle de Berlin pour notifier la mort de notre cher margrave, m'a dit que le Roy de Prusse en parlant de S. A. R. à cette occasion avoit les yeux baignés de larmes; il est beau d'en répandre pour cela et elle les mérite bien.
Adieu mon illustre ami, donnez moi des nouvelles de votre santé, j'en mérite par mon tendre attachement.
Adhemar
à Bareith le 15 mai 1763
Le margrave est aussi fâché que nous de la mort de son neveu.