à Geneve le 18 septembre 1762
Monseigneur,
Quoique M. le maréchal de Richelieu ne m'ait pas fait prévenir sur son arrivée chez M. de Voltaire, j'ay cru qu'il convenoit que je fusse instruit par le conseil des honneurs qui luy seroient rendus.
Les anciens Registres ont été consultés, on n'a trouvé aucun éxemple qu'un Mal de France fût venu ou à Geneve ou sur les terres de la République; il a donc fallu en délibérer en Conseil, et voicy, Monseigneur, ce qui a été décidé.
Que M. le Mal de Richelieu venant à Fernex, Pays de Gex, chez M. de Voltaire, et faisant notifier son arrivée au per syndic, le Conseil envoyera un ancien syndic et un conseiller pour le complimenter.
C'est ce qu'on fit en 1712 pour M. le Mal de Berwick, commandant alors l'armée du Roy: le Conseil le fit complimenter à Frangy en Savoye.
Si M. le Mal venoit à Geneve et qu'il fit une visite au per syndic, on envoyeroit pour le complimenter chez luy un ancien syndic et deux autres membres du Conseil.
Dans le cas où M. le Mal de Richelieu se sera fait annoncer on prendra les armes aux Portes, et les tambours battront aux champs. Mais [si] M. le Mal ne se faisoit pas annoncer, on prendroit également les armes, mais sans battre aux champs.
Si M. le Mal ne se fait pas annoncer, c'est à dire ne fait pas notifier son arrivée, le Conseil croiroit alors qu'il veut garder l'Incognito, et déféreroit à ses intentions à cet égard.
Voilà monseigneur, un compte éxact de la Délibération que le Conseil a faite hier sur la cérémonie à observer avec M. le Mal de Richelieu et dont il m'a fait donner part.
Je suis avec respect
Monseigneur
Votre très humble et très obeïssant serviteur
Montperoux