[c. 25 March 1770]
Monsieur,
Les équivoques ont de tout temps fait bien du mal et Boilau aurait dû faire une meilleure satire contre l'équivoque.
L'article il qui est dans la lettre de ce Gobia me regarde, et non pas vous. Il me promet d'écrire en ma faveur. Mr Tronchin entra, et il m'assura qu'en ne venant à Geneve avec permission, que pour retirer mes effets et solder mes comptes je serais aussi libre que Mr le premier syndic.
Cet il c'est moy. J'ay présumé qu'un homme qui veut passer deux heures à Geneve comme étranger doit y être libre comme un syndic, je le crois encore. C'est moy qui ai prononcé ces paroles pacifiques. Je souhaite que l'univers soit libre et que personne n'abuse de sa liberté. J'ay donné azile à Gobia par ce qu'il me l'a demandé. Je donnerai azile au grand Turc s'il se réfugiait chez moy. Je suis dans mon lit, j'ignore qui est premier syndic. Je suis son très humble serviteur, celui du conseil, celui de tous les citoiens, celui de tous les bourgeois. Je leur souhaite à tous, tranquilité, prospérité, honneurs et biens dans cette vie, et la gloire éternelle dans l'autre. Mais je suis particulièrement monsieur avec l'attachement le plus respectueux
Votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhome orde de
la chambre du Roy
A l'égard de la petite afaire dont vous m'avez chargé, je ne pourai avoir si tôt réponse.