1763-03-02, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Rousseau.

Je n'ai jamais conçu, Monsieur, comment vous vous étiez fait esclave, pouvant être libre.
Vôtre journal avait une grande réputation. Vous y auriez travaillé dans le château de Tournay, beaucoup plus facilement qu'ailleurs, êtant à un pas d'une ville de commerce, et pouvant établir toutes vos correspondances, sans demander permission à personne. Malheureusement j'ai prêté cette habitation pour une année.

Je ne vous conseille pas d'aigrir mr le Duc de Bouillon, si peux vous servir auprès de lui, dites moi précisément ce que vous lui demandez. Prescrivez moi aussi ce que je dois écrire à mr L'abbé Coyer, vous serez servi sur le champ.

Vous me mandâtes il y a quelque temps que je vous avais écrit à Bouillon. Celà m'étonna beaucoup. Il faut que ce soit quelqu'un qui ait pris mon nom, car il me semble qu'il y a plus de quatre mois que je ne vous ai adressé de Lettre dans ce païs là. Je suis malade, je perds la vue, mais je ne perdrai jamais ni l'envie de vous servir, ni l'estime véritable avec laquelle j'ai L'honneur d'être, Monsieur, vôtre très humble et très obéïssant serviteur

Volt.