14e august 1763 à Ferney
Je ne sçais, Monsieur, ce que c'est que les mélanges dont vous me parlez.
J'ai depuis quelque temps très peu de correspondance à Paris. L'avanture de Jean Jaques Rousseau, et sa Lettre un peu indécente à mr L'archevêque de Paris, ont été funestes à la correspondance des gens de Lettres. Il n'a plus été permis d'envoier aucun imprimé par la poste. Je sçais seulement qu'on imprime à Paris beaucoup de sottises, mais qu'on ne peut y en faire entrer aucune. On y a imprimé sous mon nom, une prétendue Tragédie anglaise, intitulée Saül, que je n'a jamais vue.
Je reçois assez régulièrement vôtre journal, qui m'instruit et qui m'amuse. Je souhaitte qu'il vous soit aussi utile qu'il m'est agréable. Je ne suis guères occupé que d'agriculture cet Eté, mais si je peux trouver quelque chose digne d'entrer dans vôtre greffe, et quelque manière de vous l'envoier, je m'en ferai un vrai plaisir.
J'ai L'honneur d'être bien véritablement, Monsieur, vôtre très humble et très obéïssant serviteur.
V.
NB: on vous a mal informé quand on vous a mandé que le parlement de Dijon conservait les Jesuites. Ils sont tous renvoiés, et j'ai fait la boufonnerie d'en prendre un pour mon aumônier.