28 mars 1735
Au plus beau de nos Beaux Esprits
Si j'ose adresser mes écrits
Qu'il s'en prennent à La fantaisie
Qu'il eût d'amuser son exil.
Pourquoy Voltaire exgeoit'il
De moy pareille rapsodie?
Pour les vers aisés et coulans,
Pleins d’élégance et de finesse
Qu'il voulut mettre à mon adresse,
Il aura des refrains trainans
Que bout à bout souvent je greffe
Sur Le bureau poudreux d'un greffe
A l'inseu de mes chers clients.
Vous qui par un effort nouveau
Savés dans un nouveau mélange
Sans que votre nom perde au change
Faire couler vostre pinceau,
De l’élégance de Vatau
A la force de Michel Ange
Passant dans vostre attelier,
Que dirés vous de mon ouvrage
Où d'une main d’écolier,
Singe maladroit de la Sage,
J'osay placer un crayonnage
Qui n’étoit bon qu'en mon grenier?
O mon maître daignés un moment vous contraindre,
Jettés les yeux sur mes défauts,
A quelques traits originaux
Vous verrés que je pouvois peindre
Du vray sectateur étourdi,
Sans étude et sans art et presqu’à l'avanture.
J'ay toujours cherché la nature:
Je n'ay point exprimé mais j'ay toujours senti.