[c. 15 February 1763]
Vous m'imputez une faute qui certainement vient de Geneve et nullement de Montrouge.
Je sçais trop tout le respect qu'on doit avoir pour tout ce qui peut avoir trait à l'ancien Testament pour n'avoir pas regardé comme une relique le thrésor prétieux que vous m'avez confié. Il n'est sûrement pas sorti de mes mains. Je l'ay lu il est vray à des âmes pénétrées des sublimes beautés renfermées dans ces livres sacrés. Je les ay vu avec satisfaction partager mes sentimens de respect et d'admiration, je les ay édifié, et je crois en cela avoir suivi les intentions de l'auteur. Ainsi si cet ouvrage se trouve actuellement en des mains profanes, j'en gémis sans doute, mais je n'ay pas à m'en repentir.
L'évêque de Montrouge m'a apporté son discours qui ne porte encor que des fleurs, réflexion judicieuse de M. le duc de Saint Agnan sur les ouvrages de ce prélat. Je vous l'envoye avec plaisir, mais sous condition que vous m'en manderez votre sentiment. Plusieurs y aplaudissent, beaucoup n'en font pas grand cas. Hélas me trouveray je toujours confondu dans la foule?