1769-07-19, de Voltaire [François Marie Arouet] à Alexandre Marie François de Paule de Dompierre d'Hornoy.

La poste part, mon cher ami, prèsque au moment où je reçois vôtre Lettre.
A peine ai-je le tems et la force de vous dire combien je vous suis obligé de m'avoir instruit de tout ce qui se passe. Tout ce que je puis vous dire c'est que je ne sais rien de plus erroné et de plus platement écrit que la fin de cet ouvrage. Celà n'est pas assurément de moi. Il faut être bien peu judicieux ou très méchant pour dire que c'est là mon stile. Madame Denis sait qu'on m'a volé des lettres qu'on veut encor faire imprimer. L'avanture dont vous me parlez est beaucoup plus odieuse. Je n'ai d'autre parti à prendre, que celui de me taire et de me renfermer dans l'innocence la plus prouvée.

Au reste, voilà à peu près le centième ouvrage qu'on m'impute. Nous verrons si on sera assez barbare pour agir contre un homme de soixante et quinze ans sur des propos vagues et ridicules sans la moindre aparence de preuve. J'ai assez vécu, et je mourrai en vous aimant.

Vous pouriez montrer la copie cy jointe.

Si vous avez la bonté d'envoier les arrêts en question, je vous prie de les envoier par mr Marin.