[c. 6 February 1755]
… Tâchez toûjours de venir avec Madame de Fontaine et Monsieur de Prangin.
Nous parlerons de vers et de prose, et nous philosopherons ensemble. Il est doux de se revoir après cinq ans d'absence et trente ans d'amitié. Je vous avertis d'ailleurs que ma machine délabrée de tous côtés, va bientôt être entièrement détruite, et que je serais fort aise de vous confier bien des choses avant qu'on mette quelques pelletées de terre transjurane sur mon squelette parisien. Vous devriez aporter avec vous toutes les petites pièces fugitives que vous pouvez avoir de moi et que je n'ai point. On pourait choisir sur la quantité, et jetter au feu tout ce qui serait dans le goût des derniers vers de […]. Je m'imagine enfin que vous ne seriez pas mécontent de vôtre petit voïage avant que vôtre ami fasse le grand voïage dont personne ne revient.
Je vous embrasse très tendrement.
Mes respects à messieurs les abbez Daidie, et de Sade. Puissent tous les prélats être faits comme eux.
Vous me parlez de cette histoire universelle qui a paru sous mon nom. C'est un monstre, c'est une calomnie atroce, inhumaniorum litterarum fœtus. Il faut être bien sot ou bien méchant pour m'imputer cette sottise. Je la confondrai si je vis.
V.