Le 30 novemb. [1762]
Mon frère, j'ai aussi prouvé par les faits, et espère que ces faits rapportés avec fidélité dans l'essai sur l'histoire générale, feront plus d'impression sur les esprits bien faits que les détestables sophismes du maquereau d'Houteville de l'Académie française.
Ces faits font deviner au lecteur bien des vérités qu'on n'oserait lui dire. Les hommes s'attachent plus aux vérités qu'ils croient avoir découvertes qu'à celles qu'on leur a enseignées. Cette seconde édition pourra faire du bien; elle est augmentée de plus d'un tiers, et elle est des deux tiers plus hardie. Je vous l'enverrai dès qu'elle sera finie.
Voici en attendant un petit article de la lettre M d'un dictionnaire que j'avais fait pour mon usage. Je le soumets au grand frère Diderot. Ne pourrai je point avoir quelque article manuscrit du dictionnaire encyclopédique? Nardi parvus onyx eliciat cadum.
Je fus bien indigné des articles Ame et Enfer du premier volume; et c'est cet article Ame, cet article sottement théologique qu'un Omer accuse de matérialisme. Que ces absurdités me mettent en colère! Mais, patience; il faut que la raison soit paisible.
Frère Thiriot m'avait promis de me faire avoir les dialogues de cet imbécile st Grégoire le grand; c'est un monument de bêtise que je veux avoir dans ma bibliothèque. Thiriot m'abandonne.
J'embrasse mes frères. Renvoyez moi M quand les frères l'auront lu.