1762-10-31, de Voltaire [François Marie Arouet] à Paul Claude Moultou.

J'ay le malheur monsieur de n'être pas plus content des lettres de Warburton que du livre de Bollingbroke.
Mais je suis extrêmement content de votre manière de penser équitable et tolérante, et très reconnaissant de votre bonté.

Je persiste toujours à croire que mr Bruce gronde un peu trop notre pauvre made Calas. Il ne changera pas le caractère de cette femme, et il ne luy donnera point d'esprit. Plaignons la, servons la, et ne la contristons point. L'affaire va cent fois mieux que je n'avais osé l'espérer. Je vous avoue que si on réforme, comme je le crois, l'abominable arrest des assassins visigoth en robe noire, ce sera pour moy une consolation bien touchante.

Je deviens bien sourd, mais je n'en suis pas moins sensible. Je le suis surtout à votre extrême mérite.

Je vous prie monsieur de vouloir bien dire à madame la duchesse Danville que sans mes oreilles, je serais à ses pieds tous les jours. Soyez bien persuadé de ma respectueuse estime.

V.