[c. 1 August 1762]
Je prie instament mr Bruce de se modérer.
Je suis aussi vif, aussi empressé, aussi sensible que luy dans l'affaire des Calas, mais ne gâtons point par des contradictions ce qu'on fait à Paris en faveur de cette malheureuse famille.
Le premier commis de Mr de St Florentin me mande qu'il faut absolument commencer par une requête à mr le chancelier. Laissons donc mr Dargental et les avocats Beaumont et Mallard travailler en conséquence. J'ay proposé des requêtes pour faire venir la procédure. Nous verrons si on tentera cette voye, ou si on attendra une copie de l'arrest.
Ne craignons point que le parlemt de Toulouse écrive ou fasse écrire à me de Pompadour. Il ne fera jamais cette démarche. Elle serait ridicule dans un parlement.
Si mr Br. voiait les lettres que mr Dargental et mon neveu m'écrivent, il serait content. Encor une fois nous préparons les esprits, nous mettons tout en mouvement, et j'espère beaucoup. Il sera nécessaire que M. Bruce ait la bonté de m'instruire de tout ce qu'il sauta de nouvau afin que j'en avertisse sur le champ mr Dargental et nos autres amis.
Mr Tronchin le fermier général pense comme mr Dargental qu'il faut laisser agir les deux avocats Baumont et Mallard, d'autant plus que ces messieurs soulèveront tout le corps des avocats en faveur des Calas.
De deux choses l'une, ou le parlemt de Toulouse verra son arrest cassé, ou il sera déshonoré s'il est vrai qu'il ait aussi mal jugé qu'il le parait.