2e avril 1765
Monsieur De Brus est probablement informé que le 21e Mars, toutes les chambres du parlement de Toulouse s'assemblèrent & qu'on nomma des commissaires pour faire des remontrances au roi; ils doivent demander, 1. que S: M: n'accorde plus si facilement des évocations, 2. que s'il en accorde ce ne soit que d'un parlemt à un autre, 3. que le roi n'ait point d'égard au jugemt des Requêtes de l'hôtel en faveur des Calas, 4. que le roi approuve et conserve à jamais la procession du 17e May, par laquelle on remercie Dieu solemnellement d'avoir répandu le sang de ses frères.
Enfin, le parlemt a déffendu sous des peines corporelles d'afficher l'arrêt qui justifie la famille Calas. Ce nouvel excez va indigner l'Europe, mais je ne sais encor si Versailles ne ménagera pas le parlemt de Toulouse. Ces nouvelles me fortifient dans l'idée où j'ai toujours été que made Calas ne devait faire aucune démarche touchant la prise à partie sans avoir auparavant fait consulter mr le vice chancelier et mr le controlleur général. Je prie Mr De Brus d'envoier ce billet à made Calas, après l'avoir communiqué à mr de Végobre et à ses amis. Je mourrai content si je peux contribuer à bannir de la terre le fanatisme et l'intolérance.
Je souhaitte à mr De Brus une santé meilleure que la mienne.
V.