1762-10-07, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Mariette.

On ne peut être plus content que je le suis monsieur du mémoire que vous avez bien voulu faire en faveur de cette malheureuse famille des Calas. C'est sur ce mémoire qu'on jugera. Il n'y a rien que de vrai, tout est exposé dans le plus grand jour. Tous les moyens de révision sont juridiques. Ce sera à vous monsieur que les Calas et le public devront la cassation de l'arrest le plus odieux que jamais on ait rendu.

Je ne crois pas que les autres mémoires faits ou entrepris pour cette famille innocente doivent diminuer en rien votre gloire, et vous faire la moindre peine. On m'a mandé qu'une consultation de plusieurs avocats avait été un préliminaire nécessaire, et que la signature de quinze jurisconsultes était une espèce de jugement solemnel qui prévenait celuy du conseil, et qui forçait en quelque manière les juges à se conformer à cette décision.

A l'égard du factum de M. Lorsel, je n'en ay point entendu parler. Tout ce que je sçais c'est que les Calas vous ont la plus grande obligation, et que je la partage. J'ay l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois.

Monsieur

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire