à Moscou ce 18/29 Octb 1762
Monsieur,
Je suis assuré que vous prenés trop de part à ce qui me regarde pour que je ne vous avertisse que j'ai pris le parti de faire un voyage.
Vos sages conseils ont beaucoup contribué à ma résolution. Jugés de ma satisfaction lorsque je me représente d'avance de vous voir, de vous témoigner le respect et L'estime, que vous vous êtes généralement acquis, et les sentimens les plus sincères de ma reconnaissance particulière. Je verrai ce grand homme que l'Europe admire. Cet home qui illustre par un monument les faits immortels de notre créateur. Je dois vous dire, Monsieur, que depuis l'époque fatale pour moi, je ne suis plus le même, je cherche vainement un bonheur, dont mon coeur ne conait plus ni le choix ni l'effet. C'est seulement dans l'éloignement que je veux trouver la tranquillité de l'esprit. Vous me servirés d'oracle. Vos conseils seront des Loix pour moi, peut être que je serai encore heureux, de m'èclairer par vous de ce feu divin, et dont l'utilité sera employée pour ma patrie. Je vous avoue que je suis fanatique sur ce point, et que je ne peux me faire cosmopolite. Honorés moi de vos nouvelles. Adressés vos lettres à notre Ambassadeur à Vienne, et soyéz assuré, que je suis avec les sentimens du respect et de la plus parfaite reconnaissance
Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
J. Schouvallow