à St Pétersbourg ce ⁸⁄₁₉ de May 1758
Monsieur,
Au plaisir sensible que me font toujours vos lettres, vous joignés encore dans la dernière une intention bien obligeante.
Vous voulés dites vous me donner un témoignage public, de reconnaissance: il me flaterait et m'honoretait beaucoup. Mais retranchés ce mot Monsieur, il ne va point de votre part envers quelqu'un qui croit au contraire vous être très redevable des soins que vous prenés à sa prière de consacrer à La Postérité l'histoire du plus grand home et la plus digne de vous. Les Mémoires que Je dois vous envoyer sur ce sujet et les nottes que vous m'avés permis de faire sur votre Essai seront prêtes dans peu. Vous les recevrés Monsieur ou par un Estaffette particulier, ou par la voïe de Monsieur le Comte de Kayserling, notre ambassadeur à la Cour de Vienne, au quel Je vous prie d'adresser à l'avenir les lettres que vous voudrés bien m'écrire. Réitérés les Monsieur, elles me sont précieuses: un mot qui m'informe de votre santé, un mot tracé de votre main me dédomage de n'avoir pas le bonheur de vous connaitre personellement. Votre nom seul inspire naturellement ce désir, vous devés en être persuadé par équité pour vous même, et par justice pour les sentimens d'estime et de considération avec lesquels J'ai L'honneur d'être
Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
J. Schouvallow