1758-10-14, de Count Ivan Ivanovich Shuvalov à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur,

En attendant que J'aie rassemblé des nouvelles matières sur le grand objet que vous voulés imortaliser, je me hâte de vous envoyer les réponses à toutes les Judicieuses objections que vous avés faites; J'espère, Monsieur, que ces réponses vous satisferont.
Vous jugerés mieux que persone de la vérité des faits historiques qui y sont détaillés relativement aux demandes que vous m'avés fait l'honneur de m'adresser. Pardonnés, Monsieur, si dans ces réponses on a raturé quelques passages; J'aurais asseurément ordonné une autre copie, si le prompt départ du courier ne m'en eût ôté le tems. Le vôtre est trop précieux pour aporter jamais aucun retard, sur ce que vous paraitrés désirer. Soyés toujours sûr de mon exactitude et de la plus parfaite considération avec laquelle J'ai l'honneur d'être

Monsieur

Votre très humble et très obéissant serviteur

J. Schouvallow

NB. Si vous voulés Monsieur quelques fois m'honorer de vos ordres, Je vous prie d'adresser vos lettres à mr le Comte Keyserling notre Ambassadeur à Vienne.

P. S. Je vous réitère mes excuses Monsieur du retard que J'ai aporté sur ces éclaircissemens: la nécessité où J'étois de fouiller quantité de manuscrits, a occasioné ce délai. Mais à présent que le cahos est un peu débrouillé, j'espère à l'avenir être plus promt à tous égards. Je vous prierai aussi instament Monsieur toutes les fois qu'il s'agira de notre nation de vouloir bien au lieu des Russes dire les Russiens. Ce mot est plus voisin de Notre langue et paraît être meilleur; vous êtes trop complaisant Monsieur pour ne pas vous prêter à ma prière.