le 9 d'aout v. s. 1762, St Petersbourg
Monsieur,
Sa Majesté Impériale, Notre digne souveraine, protectrice d'autant plus zêlée des lettres, qu'elle les a cultivées avec une application et un succès au de là de son rang, a pensé depuis long tems aux moyens propres à encourager L'Encyclopédie, ouvrage qui fera autant de bien au Monde, qu'il vous aportera de gloire.
Elle vient de m'ordonner en conséquence de vous écrire, pour savoir de vous, Monsieur, si l'on ne pourrait pas en levant tout obstacle le faire imprimer en Russie, soit à Riga, soit dans quelque autre ville de cet Empire. Nous ferons venir un libraire de Hollande ou de tel endroit que vous jugerés à propos. Je m'en remets entièrement à votre Jugement; vous aurés la bonté de m'enseigner coment il faudra s'y prendre, pour faciliter un dessein aussi avantageux à la république des lettres. J'attends votre réponse avec impatience pour faire mon raport à l'Impératrice, et remplir son désir et le vôtre. Je viens d'écrire à Mrs d'Alembert, et Diderot, comme étant chargés principalement de l'exécution de cet ouvrage; mais Je prends toujours recours à vous Monsieur en toutes choses. Vos bontés, et votre amitié m'ont mis en droit de vous regarder come une persone en qui J'ai mis toute ma confiance, et qui me sait gré des sentimens d'attachement, et de respect avec les quels J'ai l'honneur d'être,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur
J. Schouvallow