1742-12-18, de Jean Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas à Claude Henri Feydeau, comte de Marville.

Je vous envoye Monsieur une Lettre que je viens de recevoir de M. de Voltaire.
Elle contient un fait sur lequel il doit vous voir et vous donner tous les éclaircissemens nécessaires. Il n'est pas douteux qu'il ne faille prévenir s'il est possible Le débit du Libelle qu'il prétend avoir découvert quand même il n'intéresseroit pas autant de personnes qu'il le dit. A vous dire ce que j'en pense, Je connois assés sa sensibilité à la critique, et la frayeur qu'il a des brochures dont il est le sujet pour soubçonner que Le prétendu libelle Le regarde plus que tout autre et que dans L'envie qu'il a qu'il soit suprimé il y intéresse tout le monde. Vous jugerés de L'importance de cette Découverte par les détails qu'il vous en fera; Quoiqu'il en soit il vaut mieux saisir un Livre qu'on peut vendre que d'en laisser paroitre un tel que celuy qu'il annonce. Je vous prie de me renvoyer sa lettre. Vous connoissés Monsieur les sentimens qui m'attachent bien sincèrement à vous.

Maurepas