1763-12-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Philibert Charles Marie Varenne de Fénille.

Je vous croiais à Orléans, Monsieur; vous êtes venu apparemment à Paris pour voir comment on débrouillera le cahos des finances.
Mais il parait que vous faittes plus de cas d'Apollon que de Plutus. Vous m'envoiez de très jolis vers auxquels un vieux malade de soixante et dix ans, prèsque aveugle, ne peut répondre qu'en prose.

Je ne sçais si l'anecdote du fort L'Evêque de cet honnête homme de Fréron n'est pas ancienne. Je sçais bien qu'il mérite tous les jours les attentions de la justice divine et humaine, mais je ne sçavais pas qu'en dernier lieu on lui avait rendu selon ses œuvres. En tout cas, l'Epigramme est bonne, et elle servira pour la première occasion.

Je vous prie de faire mes très tendres compliments à Mr et à Made De Chenevières; je ne peux écrire de ma main, mais mon état ne diminue rien des sentiments qui m'attachent à vous.

V.