Au château de Ferney par Genêve 14^e 7^bre 1762

Mons^r De Voltaire a reçu la Lettre de mad^e Calas; il ne peut se donner la satisfaction de lui écrire lui même étant un peu malade.
Il s'attendait bien à la réception que m^r le Duc de la Vallière ferait à mad^e Calas. Il a fait tout ce qu'il avait promis, et fera encor audelà.

Mad^e Calas peut compter que ses meilleurs protecteurs seront toujours M^r le Duc de la Vallière, et m^r le premier président de Nicolaï. M^r D'Argental rend des services encor plus essentiels, et ne cessera de les rendre; c'est à lui que mad^e Calas aura la principale obligation du gain de son procez.

Nous n'avons pas moins d'obligation à M^r Cromelin.

Madame Calas est priée de nous faire avoir les noms du raporteur et des juges. M^r D'Argental et les autres correspondants n'ont point encor envoié cette Liste, mais ils n'en agissent pas avec moins de zèle.

On exhorte mad^e Calas à être très tranquile, et à se reposer sur l'activité de ceux qui la servent. Elle n'a plus rien à faire; on fera tout pour elle. Les mémoires préparatoires qu'on a imprimés, sont traduits actuellement en allemand, en anglais et en hollandais. Le public a prononcé en faveur de l'innocence, le conseil la vengera. On lui fait les plus sincères compliments.

Wagniere secrétaire de Monsieur De Voltaire gentilhomme ordinaire de la chambre du Roy, comte de Tournay