1762-01-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à Cosimo Alessandro Collini.

Mon cher Colini, le paquet que j'ay adressé à S.A.E. était si gros que je n'ay pas osé y mettre un autre nom que le sien de peur que la poste refusât de s'en charger.
Au reste cette pièce dont vous parlez n'est qu'une simple esquisse; et je travaille à rendre l'ouvrage plus digne de luy.

Je suis bien vieux et bien cassé. Ma vue s'affaiblit, mes oreilles deviennent bien dures. Cependant je ne perds jamais de vue l'affaire de Francfort, et je ne désespère pas d'obtenir justice. J'espère beaucoup des Russes. Il faudra bien qu'à la fin les Smith et les Freitags connaissent qu'il y a une providence. J'aiderai un peu cette providence si j'ay la force de faire un voiage; et comme on espère toujours, j'espère faire un voiage et vous embrasser dès que je serai quitte de mon Pierre Corneille.

Adio caro.

V.