1759-02-02, de Voltaire [François Marie Arouet] à Cosimo Alessandro Collini.

Si vous voulez entreprendre et suivre l'affaire de la restitution de vos effets mon cher Colini, il faut courage et patience, et vous en viendrez à bout.
Il est nécessaire que vous alliez à Francfort dussiez vous y aller en pélerin. Mr de Bauer doit vous aider, je vous ferai toucher quelque argent à Francfort. Vous aurez des lettres de recommandation pour Vienne, et made de Bentink poura vous y être utile. Il n'est point étonnant que vous ayez attendu le moment favorable qui se présente. Vos anciennes protestations subsistent. Votre petite cassette où étaient vos effets volez était dans une des malles dont Smith s'empara. Vous pourez me citer, j'agirai en temps et lieu. Il est certain qu'un homme qui s'est emparé des malles et effets d'un voiageur sans faire d'inventaire et sans forme juridique est tenu de rendre tout ce qu'on luy redemande. Il n'y a point d'avocat qui n'entreprenne votre cause moyennant un tiers ou un quart de la restitution. Les parents que ce scélérat de Smith a dans Strasbourg ne font rien à l'affaire. Il n'est question que d'aller secrètement à Francfort avec des lettres de recomandation, et de bien songer que quand on a fortement résolu de réussir, il est rare qu'on échoue. Il faut discrétion, protection, courage, patience, et vous avez tout cela.