1753-08-29, de Marie Louise Denis à Johann Carl von Fichard.

Monsieur,

Nous ne doutons pas à Strasbourg et dans le reste de la France que vous n'ayez au moins eu la bonté d'interposer vos bons offices pour nous faire rendre l'argent qui fut pris dans nos poches Lors que le sr Smith sans aucun ordre se servit du nom du Roy de Prusse pour faire traîner dans les rues de votre ville impériale, et pour mettre en prison une dame respectable qui passait par votre ville impériale avec un passeport du roy de France mon maître.
Tout le monde s'est toujours attendu qu'un homme aussi juste que vous monsieur ferait réparer autant qu'il serait en luy, une partie des violences atroces que nous avons essuiées et qui ont excité votre sensibilité. C'est à vos bons offices sans doute que nous devons la démarche du sr Smith qui vient d'offrir la restitution de l'argent qu'on nous a pris. Nous vous prions monsieur de vouloir bien achever votre ouvrage. La note qu'il nous a envoyée n'est pas juste, il doit avoir le bordereau écrit de notre main; le notaire Mick a ce même borderau, et vous pouvez monsieur vous le faire représenter; mr Smith s'est trompé en mettant vingt six louis au lieu de quarante six, en omettant les demi louis, et les doubles pistoles et en mettant 5 florins au lieu de 15. C'est apparemment l'un de ses commis qui a fait cette erreur qu'on ne peut imputer qu'à la multiplicité de ses affaires: nous sommes persuadez qu'un mot de votre bouche rectifiera cette erreur. Nous vous en suplions, et nous sommes avec des sentiments respectueux malgré notre juste douleur,

Monsieur,

vos très humbles et très obéissants serviteurs

Voltaire pour moy et me Denis dont j'ay procuration Colini