6e Janv: 1762, aux Délices
Je n'écris pas toujours de ma main, Monsieur, parce que j'ai quelquefois la colique.
Je vous demande pardon de ma petite indiscrétion d'avoir tiré sur vous des Lettres de change payables avant le dix janvier; mais c'est heureusement très peu de chose. Je vous en ai décoché aujourd'hui pour les mois de février et de mars; je liquide mes dettes tant que je peux. Je me flatte que vous avez été payé des vingt mille francs de Mr De La Leu. Voicy pour le deux février quelques bouchetrous que j'ai l'honneur de vous adresser.
Je prends la Liberté de vous supplier de vouloir bien faire présenter mes deux Lettres sur Paris par vos correspondants qui les feront accepter. C'est encor un petit bouchetrou. Il se poura très bien faire que mes deux Lettres de change sur Vauché et Pimanton seront refusées au lieu d'être acceptées, attendus qu'ils sont intendants de grands seigneurs; mais alors, j'aurai droit de bien crier, et de me plaindre à leurs maîtres de ce que leur volonté expresse (de ne me jamais payer) est si mal èxécutée. Je suis très aise de la prise de Colberg et des six bataillons, attendu que L'Impératrice de Russie a envoyé huit mille francs pour L'Edition de Corneille, et que le Roy de Prusse n'a pas envoyé un sou.
Voulez-vous, mon cher monsieur, me faire un petit plaisir? Ce serait d'envoyer de ma part à un nommé mr Grenier, cy devant acteur de la comédie de Lyon, et qui demeure à Lyon, je ne sçais où, quatre Louïs d'or neufs.
Je vous demande mille et un pardons de mes mille et une importunitez.
V.
J'ay reçu le grouppe 200 louis, les trois quarts sont frits.