1761-07-26, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Vous avez actuellement à Lyon mon cher correspondant, le genevois m. le duc de Villars, et je m'arrange pour luy laisser nos Délices.
Au reste j'ay beaucoup de maisons et pas un sou; et je ne présume pas que le nouvau lit de justice et la dernière déconvenue de notre armée fassent beaucoup rouler l'argent. Sauve qui peut encor une fois. Ayez donc la bonté mon cher monsieur de soulager ce bâtisseur de châtaux et d'églises, par un petit grouppe de cent cinquante louis accompagné de quelques petits écus pour les ouvriers.

Je me trouve furieusement débiteur à Geneve. Voicy mon moment de crise. J'attends la ballance de mes petitis comptes pour voir de combien je suis ruiné. Mais monsieur que ce soit à votre loisir, j'attendrai volontiers votre commodité, d'autant plus que je pense qu'il y a quelques fonds qui ne vous sont pas encor rentrez.

Je ne sais si nous aurons la paix. Où sommes nous réduits? puisque nous la souhaittons, même honteuse.

Touts tant que nous sommes nous embrassons la tribu lionaise.

V.

Je crois que vous avez raison. Douze livres de cire d'Espagne sont beaucoup. Six sont fort honnêtes.