[February/March 1761]
Mon cher ami, je crois que je suis plus fâché que vous de votre mésaventure.
C'est bien là une véritable querelle d'alleman. La guerre est toutte propre à joindre à tous ses fléaux celuy des banqueroutes: et la justice allemande est pire que les banqueroutiers.
Je suis honteux de vous parler de l'ecclésiaste et de Salomon, quand vous avez à faire à des Juifs. Voylà probablement ce que vous demandez. C'est un grand hazard que je l'aye retrouvé car j'ay égaré ou brûlé un tas de papiers parmy les quels se trouvait malheureusement l'ode sur la mort de Me de Bareith. J'avais passé une nuit entière à la refondre; et j'étais si échaufé que je croiais en avoir fait un bon ouvrage.
Si je ne vous ay pas envoyé ce morceau avec les allégories il est absolument perdu.
Je n'ay d'autre ressource que de vous prier de m'envoyer un autre exemplaire. Sinon j'aurai recours à mon imagination au défaut de ma mémoire. Encor une fois je m'afflige très sérieusement de votre perte.
Mille tendres compliments à toutte votre famille.
V.