8e xbre 1773, à Ferney
Monsieur,
On me propose d’avoir l’honneur et le plaisir de vous écrire.
C’est en faveur du sr Porami, régisseur de ma terre de Ferney et du sr Perrachon, marchand, établi dans ma petite colonie, contre un banqueroutier nommé Cretet qui s’est sauvé des prisons de Lyon, et contre les créanciers de ce banqueroutier.
Perrachon soutient qu’étant à Lion en 1772 il fit des marchés avec ce Cretet et lui paia ses marchandises de quoi la preuve est au procès. Perrachon dit qu’il fit adresser les marchandises par lui achetées et payées, sous le nom du sr Wagniere, mon secrétaire, parce qu’alors le dit Perrachon était à Lyon et que sa maison à Ferney n’était pas encore prête; qu’il partit sur le champ de Lyon et que rencontrant le voiturier dans Fernei, il reçut les effets avant qu’ils arrivassent dans la maison du sr Wagniere; Qu’il fît décharger ses marchandises dans ma ferme où demeure Porami; Qu’il fit paier le voiturier par Porami même; Qu’ensuite il fit transporter ces marchandises dans sa propre maison lorsqu’elle fut achevée; Que nonseulement il paia ces marchandises à Cretet qui fit banqueroute, mais qu’il lui redoit encor beaucoup d’argent; et qu’ainsi loin que les créanciers puissent avoir le moindre recours contre lui, c’est à lui à redemander ce que ce banqueroutier lui redoit, suposé qu’il reste de quoi paier quelque partie des dettes.
Le sr Wagniere, mon secrétaire, n’est pour rien dans cette affaire; Le sr Porami n’y est mêlé que pour avoir rendu service, et Cretet parait un insigne fripon. On dit qu’il est allé chez les Turcs.
Je vous demande, Monsieur, vôtre protection pour le sr Perrachon, qui n’est en aucune manière responsable des effets de ce malheureux.
A l’égard de mon secrétaire et de Porami, ils sont absolument étrangers à toute cette affaire
Nonseulement Perrachon ne doit rien au banqueroutier Cretet, mais Cretet lui vola un cheval que Perrachon lui avait prêté à Lyon.
Voilà Mr tout ce que je sais de cette affaire qui me parait simple et dont vous êtes instruit beaucoup mieux que moi, puisque vous en êtes juge et que vous avez les pièces sous les yeux.
Je saisis cette occasion de vous renouveller les sentiments de l’estime respectueuse avec laquelle j’ai d’être
Mr.