12mars [1758]
Mon cher confrère en Apollon et en unité de . . . vous me dites bien qu'on avait imprimé votre ode il y a longtemps, mais vous ne me dites point qu'on sait à Geneve qu'elle est de vous, qu'on sait que vous l'avez envoyée au Roy de Prusse, qu'on sait que vous en attendez réponse.
Etes vous instruit que cette ode ayant été imprimée à Ratisbonne sous mon nom en gros caractères, on a mis en prison l'imprimeur, et que le comte de Pergen, ministre de l'empereur, en a fait saisir les exemplaires à Francfort? Il y a dans cet ouvrage des hiatus, et des manques de mesure qui sont probablement des fautes d'impression. Mais en fait de vers français l'oreille allemande n'est pas fine, et ces messieurs de Ratisbonne et de Francfort font quelquefois des querelles d'allemand. Les rois savent très peu de gré aux gens qui les louent et ne pardonnent jamais à ceux qui les blâment.
J'ay vu mr votre frère, il a eu des billets que j'aurais voulu vous donner.
V.