Mon cher Colini, vous voilà agrégé au nombre des bons auteurs.
Vôter Livre m'a parû très bien fait, très commode & très utile. Je vous en fais mes compliments et mes remerciements. Je donnerai volontiers les mains à ce que vous me proposés, et à tout ce qui poura vous être agréable.
Vous m'avez envoïé une traduction d'opéra, et je vous envoïe une Tragédie. Il est vrai que je ne prends pas souvent la liberté d'écrire à vôtre adorable maître; mais je suis vieux, infirme, et inutile; je ne dois songer qu'à mourir tout doucement comme font force honnêtes gens, qui ne sont pas plus nécessaires que moi au tripot de ce monde; je n'ai guères de quoi amuser un grand prince du fond de mes retraittes entre le mont Jura et les alpes; mais je lui serai attaché jusqu'au tombeau, et je vous aimerai toujours.
V.
au Château de Ferney par Genêve 9e fév: 1761