1761-01-11, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas Claude Thieriot.

Reçu le monde et la Lettre du primat des Gaules; il y a plus de deux mois, mon cher ami, que j'ai chez moi cette Lettre in 4. marginée; sachez qu'en poursuivant frère Bertier je suis fort bien auprès de mon primat, très bien avec mon Evêque; qu'incessament je serai le favori de l'archevêque de Paris, et si vous me fâchez, je le serai du pape.
Vous verrez bientôt une très singulière épitre à Clairon; je la louë comme elle le mérite; je fais l'éloge du roy, et c'est mon cœur qui le fait; je me moque de tout le reste, et même assez violemment. J'ai souffert trop longtemps; je deviens Minos dans ma vieillesse, je punis les méchants. Envoyez moi s'il vous plait le livre des impôts, et écrivez à vôtre ami.

V.

NB: je suis bien content de l'acquisition de madlle Corneille; elle fait jusqu'à présent l'agrément de nôtre maison; il est honteux pour la France, que quelque grande dame ne l'ait pas prise auprès d'elle.