1760-08-22, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jacques Pernetti.

Nos conventicules de Satan, proscrits par Jean Jaques et par Gresset, ne recommenceront, mon cher ami, que quand mr le duc de Villars sera arrivé; je voudrais que votre archevêque pût y assister comme vous, je crois qu'il ne serait pas mécontent de mad. Denis; il est bien ridicule qu'un primat des Gaules ne soit pas le maître d'avoir du plaisir.
Autrefois les évêques allaient aux spectacles; ce sont ces faquins de calvinistes et de jansénistes, qui n'étant pas faits pour des plaisirs honnêtes, en ont privé ceux qui sont faits pour les goûter. Les pontifes d'Athènes et de Rome, étaient juges des pièces tragiques, et sûrement n'en étaient pas meilleurs juges que votre adorable archevêque. Je suis très fâché de n'être pas de son diocèse, j'irais le conjurer à deux genoux de venir bénir l'église que j'ai l'honneur de faire bâtir. Je vous offre, mon cher abbé, un autel et un théâtre, tous les deux sont à votre service. Je vous demande en grâce de me dire, si ce que vous me mandâtes le 18e août du parlement de Besançon est encore vrai le 23e août. Est il possible que ce parlement joue sérieusement la farce du médecin malgré lui? et qu'il dise à la classe du parlement de Paris, De quoi vous mêlez-vous? Je veux qu'on me batte. Si la chose est ainsi, il n'y a rien eu de si plaisant du temps de la fronde; et si le ministère a trouvé le secret de donner ce ridicule aux parlements, le ministère est plus habile qu'eux. Je vous embrasse de tout mon cœur, vous et vos amis.