1761-01-03, de Joseph Nicolas Deschamps de Chaumont, évêque de Genève-Annecy à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur,

Je suis très flatté des politesses contenues dans la lettre dont vous m'honorez à l'occasion de ce renouvellement d'année.
Mes vœux ne sont pas moins étendus ni moins sincères pour que vous y jouissiez surtout de ce bonheur solide seul digne d'un homme qui se pique de penser. Au reste j'envoie mes ordres à mon official de France au sujet de l'abjuration de votre nouvelle convertie. J'étais prêt à verser des larmes de joie sur la manière dont vous vous y êtes pris, si malgré des lumières aussi propres à lui ouvrir les yeux, d'autre part je n'avais pas été pénétré de la plus vive douleur de n'avoir en qualité de votre évêque d'autre espérance que celle du miracle opéré sur le grand chemin de Damas. Réduit à une ressource aussi rare, mais bien plus singulière encore, j'en suis d'autant plus affligé que le jour baisse et que les moments rapides qui s'enfuient ne peuvent me consoler que par un meilleur emploi de tant de beaux talents. Je suis avec respect &c.