1760-08-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à conte Francesco Algarotti.

Caro, vous voulez le pauvre diable, ecco lo.
Che fò io nel mio ritiro? Credo di ridere. E che faro? Ridero in fino alla morte. C'est un bien qui m'est dû, car après tout je l'ai bien acheté. J'ai vu le Shellendorf; il a dîné dans ma guinguette. Il a un jeune homme avec lui, qui paraît avoir de l'esprit et des talents. J'attends votre chimiste. Mais je vous dirai attamen ipse veni.

Fra un mese vi mandero il Pietro. Mais songez que vous m'avez promis vos lettres sur la Russie. Je veux au moins avoir le plaisir et l'honneur de vous citer dans le second tome, car vous n'aurez cette année que le premier. Cette histoire russe sera la dernière chose sérieuse que je ferai de ma vie. Je bâtis actuellement une église, mais c'est que je trouve cela plaisant.

Tout mon chagrin est que vous n'ayez pas la Pucelle, la vraie pucelle, très différente du fatras qui court dans le monde sous son nom. Quand je vous donnai le premier chant à Berlin, je n'étais point du tout plaisant. Les temps sont changés; c'est à moi seul qu'il appartient de rire. Quand je dis seul, je parle de lui et de moi, et non de vous et de moi.

Je crois, comme vous, que Machiavel aurait été un bon général d'armée, mais je n'aurais pas conseillé au général ennemi de dîner avec lui en temps de trêve.

Je ne sais pas encore si Breslau est pris. Tout ce que je sais, c'est qu'il est fort doux de n'être pas dans ces quartiers là, et qu'il serait plus doux d'être avec vous.

L'amo, l'amerò sempre. Votre secretario est un très bon ouvrage.