au château de Tournay 15 avril 1760
J'ai reçu, monsieur, la lettre et les patentes de botaniste dont vous m'honorez dans le temps où j'ai le plus besoin de simples.
Je ne suis pas jeune et je suis très malade; si je peux trouver quelque herbe qui rajeunisse je ne manquerai pas de l'envoyer à votre académie. J'ai toujours été fâché qu'il y eût sur la terre tant de plantes qui fissent du mal, et si peu de salutaires; la nature nous a donné beaucoup de poisons et pas un spécifique; c'est dommage que nous ayons perdu le bel ouvrage de Salomon qui traitait de toutes les plantes depuis le cèdre jusqu'à l'hysope; c'était sans doute un très bel ouvrage puisqu'il était composé par un roi. Il était apparemment le premier médecin de ses sept cents femmes et de ses trois cents concubines. Je ne sais si vous avez vu les hérésies du Salomon du nord. Il va plus loin que son devancier lequel ne sait pas s'il reste quelque chose de l'homme après sa mort. Pour celui-ci il est sûr de son fait, et il croit que ses soldats tuent si bien leur monde qu'il n'en reste rien du tout. J'attends le peut-être de Rabelais le plus doucement que je peux.
J'ai l'honneur mr.