1755-03-25, de [unknown] à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur, je vous envoie le livre d'expériences sur la culture des terres, que M. l'ancien syndic Lullin de Châteauvieux a fait imprimer ici, lequel vous avez paru désirer.

Après avoir percé avec Newton
Dans le centre éclatant de ces orbes immenses,
Qui n'ont pu vous cacher leur marche et leurs distances,

il est, ce me semble, très bien de vouloir être informé de ce qui végète sous vos pieds, dont les productions contribuent à la conservation de votre précieuse existence.

Quelques délices qu'il y ait à s'élever dans la région des esprits, il reste encore une sorte de plaisir à sentir que l'on est homme.

Salomon n'est allé que de l'hysope au cèdre, aussi ce bon prince revenait il plus souvent à l'humanité que les grands génies ses confrères.

Vous êtes bien un autre voyageur, mais songez Monsieur à ne pas trop fatiguer l'habitation de cet être qui veut tout savoir et ménagez vous pour la satisfaction des personnes qui font le cas qu'elles doivent du vrai mérite.

Je souhaite que nos cultivateurs vous amusent quelques instants. Regardez, je vous prie, Monsieur, cette petite attention de ma part comme une preuve de la parfaite considération avec laquelle j'ai l'honneur d'être, etc., etc.