[c. 15 November 1759]
Je suis tout prest sans doute mon cher monsieur à tirer la commune de Fernex ou Ferney, du bourbier où le chicanneur Budée de Montreal l'avait plongée, et quoy qu'il me reste très peu d'argent, attendu qu'on me pille de tous côtez, cependant je payeray volontiers pour ces malheureux.
J'ay passé l'acte dans cette vüe, mais suivant le bon plaisir de mr l'intendant. Il faut donc qu'il réforme son bon plaisir, il faut donc qu'ayant ordonné que tout le village se cottise, il ordonne àprésent que les communiers emprutent. Je laisse à vos bons soins, à votre prudence et à vos bontez l'arrangement de cette petite affaire. Tout ce que vous déterminerez sera bien fait. Vous êtes acoutumé à débrouiller des choses plus difficiles, et vous mettez partout de la facilité et de la justice. Quand vous voudrez me communiquer vos idées et vos ordres sur le très inculte et très misérable pays de Gex, je tâcherai de marcher à votre suitte. J'ay l'honneur d'être avec tous les sentiments d'estime et de confiance qu'on vous doit monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire